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Prévisions économiques trimestrielles

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date publiée: 19 septembre, 2024 

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  • Nos prévisions de croissance à l’échelle mondiale n’ont guère changé, mais elles laissent entrevoir des trajectoires contrastées entre les pays. Nous avons revu à la hausse nos prévisions pour les États-Unis et le Canada, tandis que nous les avons abaissées pour les champions de la croissance qu’ont été des pays comme la Chine et l’Allemagne.
  • Nous attendrons que les résultats de l’élection aux États-Unis soient connus avant de modifier nos prévisions. L’un des changements à venir pourrait concerner les impôts sur le revenu des particuliers qui, selon les prévisions de base courantes, restent inchangés par rapport aux mesures adoptées dans la Tax Cuts and Jobs Act (TCJA) de 2017. Il ne s’agit pas d’une déclaration politique, mais plutôt d’un rappel que les dispositions de temporisation ont tendance à ne pas expirer. 
  • La Banque du Canada semble bien avoir une longueur d’avance sur les autres banques centrales en ce qui concerne les réductions de taux d’intérêt. Or, même en tenant compte de cette avance, nous estimons que des baisses à hauteur de 200 points de base au total se profilent à l’horizon. 

 

Autres prévisions

Le graphique 1 (titre : L’ampleur de l’inflation s’amenuise dans les différentes économies) illustre la part des catégories de l’inflation des prix à la consommation dans lesquelles les taux d’inflation ont été supérieurs à 3 % sur 12 mois pour le Canada, la zone euro et les États-Unis à partir de 2019. Avant la pandémie, cette part se situait entre 10 % dans la zone euro et 30 % au Canada, mais elle a culminé entre 80 % et 90 % au plus fort de la flambée inflationniste en 2022. Depuis, dans tous les pays, cette part a été ramenée entre 30 % et 40 %, ce qui est beaucoup plus proche des niveaux enregistrés avant la pandémie.

Malgré les tumultes qui agitent l’univers géopolitique, les perspectives économiques mondiales sont stables, du moins en surface. Les prévisions mondiales illustrées dans le tableau ne sont toutefois que des chiffres et ne disent pas tout. Il y a des variations importantes entre les pays. Si les perspectives pour 2024 se sont légèrement améliorées, c’est en grande partie grâce à la solidité de l’économie américaine de même qu’au regain de vitalité d’économies de moindre envergure, dont le Royaume-Uni et le Canada, et aux révisions à la hausse de certaines prévisions pour les marchés émergents. En revanche, les champions de la croissance qu’ont été des pays comme la Chine et l’Allemagne sont manifestement à la traîne. Les pays ont toutefois un point en commun : comme la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à amorcer des réductions de taux d’intérêt, les autres banques centrales reconnaissent que l’inflation étant de plus en plus maîtrisée (graphique 1), il est temps d’aller droit au but en baissant les taux. 

En Allemagne, l’économie ne s’est pas encore remise du choc énergétique de 2022. Les prix à la consommation et à la production ont augmenté plus que dans le reste de la zone euro, et la confiance des ménages et des entreprises peine encore à se rétablir. L’économie allemande s’est contractée au deuxième trimestre et risque d’en faire autant au troisième trimestre. De l’autre côté de la Manche, le Royaume-Uni a dépassé les attentes au premier semestre de l’année.

Après un début d’année prometteur, la Chine marque le pas en raison de la contraction du secteur immobilier et de la morosité de la demande des consommateurs. Résultat : l’économie frôle la déflation. Le risque que la Chine n’atteigne pas la cible de croissance fixée par les autorités est réel, car les mesures de relance gouvernementales se révèlent jusqu’à maintenant insuffisantes pour raviver la confiance des consommateurs et des entreprises. 

Ce risque crée des vagues dans le monde entier. Les prix des produits de base réagissent aux préoccupations suscitées par la faiblesse de la demande chinoise, le prix du pétrole brut ayant perdu 10 $ US le baril en deux semaines à peine selon les perspectives, malgré le report des augmentations de production décrété par l’OPEP+. Nous avons donc revu à la baisse nos prévisions à court terme relatives aux prix du pétrole. Ce n’est pas une mauvaise chose aux yeux des dirigeants des banques centrales qui amorcent un cycle de baisses de taux, puisque le recul des prix contribue à la diminution de l’inflation globale. Il se peut toutefois que le répit ne soit que de courte durée. Selon des projections, le prix du pétrole s’établira en moyenne à 77 $ le baril l’an prochain, car le fléchissement des taux d’intérêt soutient la demande et l’OPEP persévère dans son intention de gérer prudemment l’offre mondiale de pétrole.

L’économie américaine est-elle réellement idéale?

Le graphique 2 (titre : Le marché du travail aux États-Unis a suffisamment ralenti pour que la Fed en prenne note) illustre les variations sur un mois des emplois salariés non agricoles de même que la moyenne mobile pondérée sur trois mois correspondant à la tendance. La croissance tendancielle des emplois a ralenti, passant de plus de 300 000 nouveaux emplois par mois au début de 2023 à 115 000 emplois en août.

Au cours du dernier trimestre, l’évolution de l’économie américaine a été prévisible. L’économie a ralenti, mais n’a pas basculé. La croissance économique demeure légèrement au-dessus de 2 %, ce qui correspond à une « croissance tendancielle ». Le marché du travail a renoué avec l’équilibre (graphique 2) et l’inflation a amorcé une descente convaincante vers la cible de 2 %. La Fed a enfin la certitude de pouvoir abaisser les taux d’intérêt sans risquer de causer une surchauffe de l’économie. Pour les prévisionnistes échaudés par les fortes fluctuations des dernières années, le scénario d’une économie idéale paraît trop beau pour être vrai. 

Concrètement, le taux de croissance économique pour 2024 a été légèrement revu à la hausse pour s’établir à 2,6 %, même si nous nous attendons à ce que le rythme poursuive son ralentissement et soit ramené à 2 % d’ici à la fin de l’année. Un scénario semblable s’annonce pour l’an prochain, car les baisses de taux d’intérêt amortissent le fléchissement de la demande. Les dépenses de consommation ont été résilientes jusqu’à maintenant, mais la banque centrale doit tenir compte des facteurs défavorables découlant de l’érosion de l’épargne excédentaire constituée pendant la pandémie et de la hausse des taux de défaillance touchant l’ensemble des produits et notes de crédit. Les consommateurs ressentent le poids des taux d’intérêt élevés et ont besoin d’un répit, d’autant plus que la demande de travailleurs renoue maintenant avec les niveaux plus modérés enregistrés avant la crise sanitaire. La demande de logements devrait aussi s’améliorer l’an prochain, sous l’effet des conditions d’abordabilité plus favorables. 

Les investissements des entreprises ont heureusement été supérieurs aux attentes. Un ralentissement est cependant possible. Le deuxième trimestre a été porté par les commandes d’aéronefs, qui ont tendance à être irrégulières, les gains d’un trimestre étant généralement effacés au cours des trimestres suivants. Si cette éventualité se matérialisait, le secteur n’en serait pas pour autant chamboulé. Le segment des transports peut encore se redresser en raison de la diminution des coûts d’emprunt. Les investissements dans les parcs de véhicules (camions, remorques et autres véhicules légers) demeurent inférieurs de 25 % aux niveaux prépandémiques à cause des pénuries passées. Par conséquent, même si les investissements des entreprises en général sont appelés à ralentir quelque peu l’an prochain, tout comme l’économie dans son ensemble, le cycle d’assouplissement des taux d’intérêt limitera leur diminution.

L’économie semble robuste à l’approche de l’élection présidentielle, mais les perspectives de la politique budgétaire constituent un élément d’incertitude crucial. Selon notre scénario de base, les dépenses gouvernementales ralentiront; cette probabilité serait plus élevée en cas de division du Congrès, situation qui a généralement pour effet de limiter l’activité budgétaire. À cet élément s’ajoute le ralentissement des dépenses des États et des administrations locales par rapport aux niveaux enregistrés au sortir de la pandémie, mais l’élan se maintiendra du côté des infrastructures. Les lecteurs noteront que notre scénario de base ne prévoit aucun changement en ce qui concerne la politique fiscale parce que, dans le passé, les gouvernements ont trouvé d’autres compromis pour éviter l’adoption de dispositions de temporisation. C’est particulièrement important pour le régime fiscal des particuliers, qui devrait expirer à la fin de 2025 en vertu de la TCJA de 2017. Si la vice-présidente Harris accédait à la présidence, la probabilité que les impôts des particuliers fassent l’objet de certains remaniements serait plus forte. Ces changements pourraient se traduire par une légère révision à la baisse du taux de croissance économique à hauteur de 20 à 30 points de base en 2026, selon l’étendue de la réforme et les concessions obtenues du Congrès (voir le rapport). 

Les marchés financiers sont d’accord avec notre point de vue selon lequel nous sommes partis pour une plus longue période d’assouplissement du taux des fonds fédéraux. La Fed a opté pour une réduction importante de son premier taux d’intérêt, avec une réduction d’un demi-point de pourcentage. Cette décision était justifiée par le fait que l’inflation est tombée à environ 2,6 % et que le taux directeur réel est très restrictif (environ 300 points de base au-dessus de sa moyenne sur 20 ans). Maintenant que la Fed a montré sa volonté d’agir de manière décisive pour ramener le taux des fed funds à un niveau moins restrictif, nous nous attendons à ce qu’elle procède à une nouvelle réduction d’un demi-point en novembre, avant de passer à une cadence plus progressive de réductions d’un quart de point par réunion par la suite. Toutefois, comme l’a souligné le président Powell lors de la conférence de presse, le rythme de la Fed n’est pas préétabli et sera décidé lors de chaque réunion en fonction des données reçues. Le réglage fin du taux directeur est un art, pas une science. Toutefois, le rythme des réductions des taux d’intérêt ne change pas notre opinion selon laquelle l’objectif est toujours un taux neutre de 3 %. 

Des taux plus bas pour stimuler l’économie canadienne l’an prochain

Le graphique 3 (titre : La croissance de la population est plus rapide que celle des dépenses, mais pour combien de temps?) illustre la croissance démographique du Canada et la croissance des dépenses de consommation réelles à partir du premier trimestre de 2024. La croissance démographique a été supérieure à 3 % sur 12 mois, alors que le taux de croissance des dépenses de consommation réelles a tout juste frôlé 2 %. Dans les prévisions des Services économiques TD pour 2025 et 2026, la croissance démographique ralentit abruptement pour s’établir à un peu moins de 1 % d’ici à 2026 tandis que les dépenses de consommation ralentissent dans un premier temps, puis devancent le taux de croissance de la population au deuxième semestre de 2025 pour atteindre 2 % d’ici à la fin de 2026.

La Banque du Canada a été la première des banques centrales à amorcer des baisses de taux en juin, et les arguments en faveur d’autres réductions restent forts. L’inflation est en voie d’atteindre la cible de 2 % d’ici à la fin de l’année. La croissance économique est un peu plus élevée que ce qui avait été prévu il y a trois mois, mais le qualificatif qui la décrit le mieux est « timide ». La croissance du PIB réel devrait s’établir à 1,1 % cette année, ce qui est nettement inférieur au taux de croissance tendanciel de 1,8 %. Les perspectives sont peu réjouissantes pour les consommateurs canadiens, dont les dépenses devraient rester modérées. Les dépenses de consommation réelles n’ont progressé que de 0,6 % en chiffres annualisés au deuxième trimestre. Le troisième trimestre ne s’annonce pas tellement meilleur. Le taux de croissance des dépenses de consommation a été légèrement revu à la hausse par rapport au dernier trimestre parce que la croissance démographique a été plus forte que prévu, le gouvernement tentant, sans succès jusqu’à maintenant, de composer avec des flux d’immigration insoutenables (graphique 3). Les baisses de taux d’intérêt plus rapides contribuent aussi à l’amélioration des prévisions. 

Il est fâcheux pour la piètre productivité du Canada (voir le rapport) que les investissements des entreprises soient apparemment un peu inférieurs à ce que nous avions prévu pour cette année. Cependant, la baisse des coûts d’emprunt et l’intensification de la croissance devraient stimuler la productivité l’an prochain; c’est du moins ce que nous espérons. Les intentions d’investir substantiellement dans les énergies renouvelables et d’autres projets d’infrastructure joueront vraisemblablement un rôle déterminant à cet égard. L’investissement résidentiel devrait également démarrer au troisième trimestre, après avoir été calamiteux pendant plus de deux ans. 

On ne peut se cacher le fait que le marché du travail au Canada a passablement ralenti depuis un an, l’accroissement de la population active ayant été presque deux fois supérieur au rythme d’embauche. Le taux de chômage a bondi, passant d’un creux postpandémique d’environ 5 % à 6,6 % en août. Le marché du travail est particulièrement difficile pour les jeunes, qui comptent pour plus de 40 % de la hausse du chômage depuis un an, alors qu’ils ne représentent que 14 % de la population active. Les fluctuations de l’immigration créent l’une des incertitudes les plus grandes dans nos prévisions. Le gouvernement fédéral a annoncé divers changements de politique concernant les résidents non permanents, mais on ignore quelle sera l’efficacité de ces mesures et à quel moment précis les données rendront compte de leurs effets. Selon notre scénario de base, le taux de chômage culminera à 6,8 % avant de se replier à 6 % d’ici à la fin de l’horizon prévisionnel. Ces perspectives à moyen terme supposent cependant un ralentissement prononcé de la croissance de la population active, qui cadrerait avec le renforcement des restrictions imposées aux résidents non permanents en 2025. En fait, nous avons aussi été amenés à revoir à la hausse nos prévisions de croissance démographique pour 2024 parce que les données évoluent en direction inverse des politiques annoncées. Il est donc possible que la poursuite de la croissance démographique fasse grimper le taux de chômage à un niveau supérieur à ce qui a été prévu.

Indépendamment de l’évolution démographique, les capacités de production excédentaires ont atteint un niveau tel que l’inflation globale avoisinera de nouveau les 2 % d’ici à la fin de l’année. La Banque du Canada doit maintenant faire preuve de prudence et éviter d’apporter à sa politique monétaire des correctifs qui feraient tomber le taux d’inflation bien en deçà de sa cible. Nous estimons qu’un taux de financement à un jour « neutre » pour le Canada se situe à 2,25 %, soit deux bons points de pourcentage de moins que le niveau actuel. Cela signifie qu’il est très restrictif et que la banque centrale a encore du chemin à faire pour réduire les taux d’intérêt, ce qui inclut la possibilité d’une réduction de 50 points de base lors de n’importe quelle réunion

Tableaux de prévisions et recherche 



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