Prévisions économiques trimestrielles
Le monde de demain
date publiée: 11 décembre 2025
Faits saillants
- La croissance mondiale a mieux résisté aux turbulences commerciales que beaucoup ne l’avaient craint plus tôt cette année. Même si l’élan devrait ralentir en 2026, le fléchissement sera moins important qu’on le prévoyait il y a trois mois.
- En revanche, l’économie américaine devrait progresser, car les réductions de taux de la Réserve fédérale américaine (la Fed), les dispositions de la One Big Beautiful Bill Act (OBBBA) et les changements réglementaires lui sont favorables.
- Les données économiques sont également contrastées au Canada. Les initiatives gouvernementales visant à stimuler les investissements devraient rencontrer une certaine résistance dans le cadre de la révision de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) prévue en 2026. La Banque du Canada (BdC) a fait sa part et les dépenses publiques devraient jouer un rôle de plus en plus important.
Alors que le monde entier s’apprête à tourner la page sur 2025, d’importants acteurs sur le plan de la croissance mondiale sont en voie d’atteindre ou de dépasser les prévisions que nous avons formulées plus tôt cette année, et ce, malgré les perturbations découlant de la politique commerciale américaine (graphique 1). Pour diverses raisons, les droits de douane ne se sont pas révélés aussi punitifs que les taux tarifaires annoncés, et les réductions de taux par les banques centrales à l’échelle mondiale ont été un facteur favorable nécessaire (voir le rapport). La situation sera la même à l’avenir, mais un autre ralentissement est probable, car la plupart des grandes banques centrales ont atteint la fin de leur cycle d’assouplissement et doivent maintenant assurer l’harmonie entre une politique monétaire équilibrée et un contexte d’inflation stable. Bien que les déficits publics augmentent dans de nombreuses économies, il ne s’agit pas d’un thème universel. Certains gouvernements subissent des pressions quant à l’assainissement de leurs finances, ce qui pourrait réduire au minimum l’impulsion budgétaire dans le monde l’an prochain.
La Chine figurait parmi les pays ayant surpassé les prévisions, même si les investissements y sont maintenant en baisse. Ce plus récent obstacle raffermira la détermination des autorités à venir en aide à l’économie au moyen de politiques de soutien l’an prochain. Par ailleurs, les gouvernements de la zone euro devraient accroître leurs dépenses, en particulier dans le secteur de la défense. Il faudra toutefois du temps aux grands pays pour donner suite à leurs annonces, et cette impulsion budgétaire deviendra plus évidente au deuxième semestre de 2026.
Des facteurs favorables devraient stimuler l’économie américaine en 2026
L’économie américaine a elle aussi fait preuve de résilience et a surpassé les attentes, bien que beaucoup de données n’aient pas encore été révélées. La paralysie du gouvernement fédéral a retardé la publication de données officielles clés, y compris celles sur le produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre, qui sont habituellement utilisées pour étayer ces prévisions. Des sondages et d’autres données du secteur privé donnent à penser qu’une certaine morosité économique s’est récemment installée. Cela ne serait pas une véritable surprise compte tenu du fait que le pays sort de la plus longue paralysie gouvernementale de son histoire, en plus de faire face à d’autres chocs politiques découlant du commerce et de l’immigration.
Toutefois, en ce qui concerne 2026, au moins trois facteurs favorables devraient stimuler la croissance : les mesures de relance budgétaire de l’OBBBA (qui contribueront à accroître les revenus des ménages et à stimuler les investissements des entreprises grâce à l’amortissement accéléré), la réforme de la réglementation et le boom du segment de l’électricité lié aux centres de données qui alimentent l’intelligence artificielle (IA). Compte tenu de ces facteurs favorables, il y a lieu de prévoir une forte hausse du taux de croissance, qui devrait passer de 1,8 % en 2025 (d’un quatrième trimestre à l’autre) à 2,2 % l’an prochain.
L’IA a joué un rôle important non seulement sur le marché boursier, mais aussi dans l’économie réelle. La moitié de la croissance économique aux États-Unis depuis le début de 2025 découle des investissements liés à l’IA. Les dépenses en immobilisations dans la plupart des autres segments sont demeurées faibles, en raison de l’incertitude accrue découlant du déploiement intermittent des politiques commerciales. Toutefois, la récente série d’accords commerciaux, qui couvrent maintenant 60 % des importations américaines, a contribué à réduire l’incertitude (graphique 2). Près du quart des PME prévoient des dépenses en immobilisations au cours des trois à six prochains mois, soit le niveau le plus élevé en près d’un an. Cela contribuera à une rotation des investissements l’an prochain, soutenue par l’OBBBA.
Toutefois, les dépenses de consommation ont perdu de la vitesse. Elles ont progressé à un taux annualisé de 1,3 % au cours des neuf premiers mois de l’année, soit moins de la moitié de leur rythme de 2024. Le resserrement de l’immigration, le ralentissement du marché de l’emploi et l’incertitude économique généralisée ont tous contribué à cette dynamique. Il y a également des raisons de croire que les personnes à faible et à moyen revenu ont réduit de façon disproportionnée leurs dépenses discrétionnaires, tandis que les dépenses des personnes à revenu élevé demeurent robustes. Bien que les taux de défaillance liés aux soldes de cartes de crédit et aux prêts automobiles aient augmenté à tous les niveaux de revenu au cours des dernières années, les personnes à faible et à moyen revenu ont connu la plus forte hausse, les taux actuels étant bien supérieurs à leurs niveaux d’avant la pandémie. De même, les taux de défaillance liés aux prêts automobiles des personnes à faible et à moyen revenu continuent d’augmenter.
Malheureusement, la Fed n’a rien dans sa trousse d’outils pour remédier à la tendance des dépenses en forme de K qui se dessine. Nous nous attendons à ce que la Fed abaisse le taux des fonds fédéraux pour le porter à 3,25 % en 2026, ce qui devrait soulager quelque peu les ménages en difficulté. En ce qui concerne les futurs propriétaires, les taux hypothécaires à terme fixe pourraient être moins avantageux par rapport aux niveaux actuels (voir le rapport). La Maison-Blanche a pris note de l’insatisfaction des ménages, alors que certaines mesures indiquent que leur confiance se situe à un creux historique. L’administration a mis plus directement l’accent sur l’abordabilité, en commençant par l’élimination des droits de douane sur plus de 200 produits alimentaires importés dans le but d’aider les ménages à payer leurs factures d’épicerie. Elle a proposé des changements à la politique hypothécaire, notamment des prêts hypothécaires sur 50 ans qui pourraient réduire les paiements, mais faire grimper les prix des logements au fil du temps. De plus, les prêts hypothécaires transférables d’une propriété à l’autre peuvent permettre aux gens de conserver leurs taux plus bas lorsqu’ils déménagent, ce qui pourrait aider à accroître l’offre de logements. Enfin, le président Trump a annoncé des chèques de « dividendes tarifaires » de 2 000 $ pour les ménages à plus faible revenu. Il reste à voir dans quelle mesure les tenants d’une approche budgétaire stricte au sein du Congrès limiteraient ou modifieraient cette initiative. Entre-temps, ces politiques proposées ne sont pas comprises dans nos prévisions, mais elles stimuleraient les dépenses de consommation et le marché de l’habitation si elles étaient mises en œuvre.
Nuageux avec probabilité de droits de douane pour le Canada
Les perspectives du Canada sont assombries par un nuage semblable à celui dans la bande dessinée Charlie Brown, l’avenir des relations commerciales avec les États-Unis étant toujours indéterminé. Les droits de douane déjà en place ont des répercussions claires sur l’économie canadienne, qui ont été plus particulièrement manifestes au cours des trois trimestres consécutifs où les entreprises ont réduit leurs investissements. Malheureusement, nous ne nous attendons pas à plus de clarté sur l’accès au marché américain ni à une réduction des taux tarifaires en 2026. La révision de l’ACEUM est en cours et nous ne savons pas encore ce qui en résultera. La situation pourrait donc s’améliorer ou s’empirer pour le Canada. Il y a lieu de croire que cette incertitude freinera la croissance de l’économie et que cette dernière sera encore décevante en 2026.
Mais les perspectives ne sont pas toutes sombres. Les investissements résidentiels ont résisté jusqu’au milieu de l’année, les activités de revente s’étant redressées après avoir fait du surplace au premier trimestre. La forte croissance de la construction de logements locatifs a stimulé les mises en chantier. Toutefois, cet effet s’est estompé au début du quatrième trimestre, car la construction de logements destinés expressément à la location a ralenti en octobre et les ventes ont stagné depuis août.
Le marché de l’emploi canadien a aussi récemment défié les lois de la gravité. Le taux de chômage avait augmenté de façon constante depuis le milieu de 2023, mais il est passé de 7,2 % à l’été à 6,5 % en novembre. Compte tenu des changements apportés à la politique d’immigration du Canada (voir le rapport), la population active ne devrait afficher qu’une croissance minimale au cours des prochains trimestres, ce qui limiterait la hausse du taux de chômage normalement attendue compte tenu des perspectives économiques peu reluisantes (graphique 3).
Les consommateurs ont été plus résilients que prévu depuis le début de 2025, les dépenses « patriotiques » au pays ayant contribué à atténuer la baisse de confiance. Toutefois, cette performance pourrait être plus difficile à maintenir l’an prochain, car la persistance de l’incertitude économique devrait miner la confiance des consommateurs et les intentions d’embauche. Cela devrait néanmoins aider à limiter les pressions à la hausse sur les prix découlant des perturbations commerciales toujours en cours. Nous sommes d’accord avec l’évaluation de la BdC selon laquelle les risques d’inflation semblent équilibrés. Si l’économie persiste sur la trajectoire de croissance modeste décrite dans le tableau, nous nous attendons à ce que la BdC maintienne son taux du financement à un jour à 2,25 % dans un avenir prévisible.
Avant de vous précipiter vers la sortie, il convient de noter que les prévisions comportent des risques de hausse. Le Canada poursuit ses efforts pour diversifier ses relations commerciales et bâtir des infrastructures. Les dépenses publiques seront un important soutien à la croissance au cours des deux prochaines années. Nous avons été prudents dans nos attentes quant à la quantité d’investissements privés qui seront mobilisés par le gouvernement fédéral dans le cadre de son récent budget (voir le rapport). Par conséquent, une exécution meilleure que prévu présentera un risque de hausse dans les perspectives. L’autre risque de hausse concerne le commerce. Si la révision de l’ACEUM se déroule mieux que prévu et donne lieu à un régime tarifaire plus favorable qu’actuellement, cela pourrait rehausser la confiance des investisseurs qui s’est érodée au Canada et ainsi améliorer les perspectives de croissance.
Tableaux de prévisions et recherche
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