L’économie d’une fête du 150e anniversaire du Canada
Brian DePratto, économiste principal | 416-944-5069
26 juin, 2017 | Download PDF | Share on Twitter
Faits saillants
- Dans le cadre du 150e anniversaire du Canada, il est très probable que de nombreuses fêtes soient organisées d’un océan à l’autre. Cependant, les habitudes de dépenses et les goûts qui changent au fil du temps donnent à penser chqu’une fête typique cette année sera très différente d’une fête similaire organisée il y a 50 ans. Que nous révèlent les fêtes du 150e anniversaire du Canada sur l’évolution de l’économie canadienne à long terme?
- Organiser une fête coûte cher et une fête du cent cinquantenaire est susceptible de coûter huit fois plus cher que ce qu’aurait coûté une fête du centenaire en 1967. La bonne nouvelle est que, depuis le centenaire du Canada, les revenus ont augmenté encore plus rapidement que les coûts d’une fête, ce qui signifie que pour les Canadiens, il en coûte en moyenne une plus petite fraction de leur revenu maintenant qu’il y a 50 ans, ce qui témoigne des gains de revenu réels au cours de cette période.
- En général, la viande occupe le devant de la scène à un barbecue de la fête du Canada, et les Canadiens continuent d’en consommer beaucoup, mais les substituts de la viande deviennent de plus en plus populaires. Les légumineuses (comme les pois chiches et les lentilles) ont explosé dans l’agriculture canadienne au cours des dernières années, le Canada étant maintenant un premier producteur dans plusieurs catégories.
- Des rafraîchissements doivent être servis à la plupart des fêtes, mais, encore une fois, les goûts ont changé. Les Canadiens consomment moins de bière et plus de vin, et, en date de 2011, environ 1 Canadien sur 15 appartenait à une confession interdisant la consommation d’alcool, une augmentation considérable depuis aussi récemment qu’en 1991.more wine, and as of 2011 roughly 1 in 15 Canadians belonged to a faith that forbids the consumption of alcohol, a significant increase from as recently as 1991.
De nombreux Canadiens organiseront sans aucun doute des fêtes pour célébrer le 150e anniversaire du Canada. Bien qu’un anniversaire historique soit toujours une raison pour célébrer, il peut également servir à inspirer la réflexion. Sur la base de ces deux aspects, ce rapport s’intéresse à certaines des possibles composantes d’une célébration du 150e anniversaire du Canada, et à comment l’évolution des goûts et des comportements en matière de dépenses ont changé notre façon d’organiser une fête. Dans l’esprit de célébration (du moins dans la tête d’un économiste), nous avons également établi un « IPC relatif aux fêtes » afin de comparer les coûts de divertissement à l’évolution du revenu des Canadiens.
Où est le bœuf?
- Comme juillet est synonyme de temps chaud presque partout au pays, une célébration pour la fête du Canada signifie souvent un barbecue, et les protéines sont au cœur de tout bon barbecue.
- Si du bœuf est au menu, il y a de fortes chances qu’il provienne de l’Ouest du Canada. L’Alberta et la Saskatchewan comptent à elles seules plus de 60 % des bovins et des veaux au Canada.
- Le bœuf demeure le choix le plus populaire lorsqu’il s’agit de viande fraîche, mais nous semblons en manger moins que par le passé. En 1960, une personne moyenne mangeait plus de 66 kilogrammes de bœuf par année. La consommation de viande a reculé à environ 50 kilogrammes l’an dernier. Cela dit, notre population a presque doublé au cours de cette période, de sorte que la consommation de bœuf a grimpé considérablement.
- Bien sûr, les protéines ne se rapportent pas nécessairement à la viande. Un secteur passionnant en pleine croissance de l’agriculture au Canada est l’avènement des légumineuses : lentilles, pois chiches, haricots secs, etc. Au cours de la période de 30 ans entre 1981 et 2011, le nombre de terres agricoles consacrées à ces cultures a plus que décuplé (graphique 1).
- Bien qu’il soit difficile d’obtenir des statistiques fiables, les sondages suggèrent qu’entre 5 % et 8 % de la population canadienne est végétarienne ou végétalienne, et un pourcentage encore plus élevé tente de réduire sa consommation de viande, ce qui contribue à hausser la demande de légumineuses au pays.
- Tout comme pour le bœuf, la production de légumineuses est concentrée dans l’Ouest, principalement en Saskatchewan et en Alberta.
- Même si les légumineuses ne vous emballent guère, elles constituent tout de même une véritable réussite au Canada. De nombreuses variétés ont été mises au point ici, et, en 2011, le Canada était le premier producteur de lentilles et de pois secs au monde, ainsi que le neuvième producteur de pois chiches.
Sans rafraîchissements, ce n’est pas une fête
- Une journée ensoleillée avec des amis et de la bière froide sont les ingrédients d’une fête amusante, et la bière demeure le premier choix des Canadiens : des 22 milliards de dollars que les Canadiens ont dépensés pour des boissons alcoolisées en 2016, 40 % de ce montant a été consacré à la bière.
- Cependant, les goûts ont changé depuis environ 2004, lorsque la bière représentait près de 50 cents de chaque dollar dépensé en alcool, car celle-ci est devenue moins populaire, et les Canadiens ont commencé à dépenser davantage dans le vin.
- Le passage au vin est vraisemblablement le reflet d’une population canadienne qui est à la fois plus riche et plus âgée, ces deux tendances étant associées à des habitudes de consommation changeantes.
- Les vins importés demeurent populaires, mais l’industrie vinicole canadienne continue de croître et de rafler des distinctions internationales, et est dirigée par d’importantes industries bien établies en Ontario et en Colombie-Britannique. La rapide expansion de cette industrie est peut-être mieux mesurée par les exportations, qui ont doublé au cours des cinq années précédant 2016.
- Que l’on parle des Bougon ou encore de Broue, le stéréotype des gros buveurs demeure un incontournable de la comédie. Cependant, la réalité est différente : les données de l’OCDE montrent que les Canadiens sont en fait des buveurs plus modérés que bon nombre de nos compatriotes à l’étranger (graphique 2).
- Bien sûr, il incombe à l’hôte d’offrir un grand choix de boissons non alcoolisées. Selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, il y a de bonnes chances que vos invités ne boivent pas d’alcool du tout. Bien qu’il s’agisse d’une mesure sommaire, les données sur les croyances religieuses suggèrent qu’environ 1 Canadien sur 15 appartient à une confession qui interdit traditionnellement la consommation d’alcool. Il s’agit d’une augmentation importante comparativement à seulement 20 ans plus tôt, où les chances équivalentes n’auraient été que de 1 sur 50.
Les enfants ont besoin de s’amuser
- Selon votre âge, il se peut qu’il n’y ait aucun enfant à votre fête, étant donné que les Canadiens retardent de plus en plus le moment d’avoir un enfant. En effet, par rapport à l’époque où le centenaire du Canada a eu lieu, l’âge moyen de la mère biologique à la naissance de son premier enfant a grimpé de façon constante de 23,5 ans à 28,5 ans en 2011.
- Le taux de fertilité a diminué par la même occasion. Le centenaire du Canada correspond à peu près à la fin du « baby-boom ». De 4 enfants par femme à cette époque, le taux de fertilité a diminué à 1,6 enfant en moyenne en 2016. En effet, la dernière fois que le taux de fertilité a été supérieur au taux de remplacement de 2,1, c’était en 1971, ce qui souligne l’importance de l’immigration dans la croissance générale de la population canadienne.
- Selon ces tendances, en 1971, environ 30 % de la population canadienne avait 14 ans ou moins. Ce pourcentage a constamment diminué, et, en 2016, les enfants ne représentaient que 16 % de la population.
- Cependant, étant donné que les enfants composent un sixième de la population, il est fort probable qu’une fête pour le 150e anniversaire du Canada compte des enfants, qui, bien sûr, ont besoin de s’amuser. Il s’agit là d’une industrie énorme : au premier trimestre cette année, les ménages canadiens ont dépensé plus de 1,5 milliard pour des jeux, des jouets et des produits liés aux passe-temps.
Les invitations mettent en évidence des tendances plus générales
- Au moment des célébrations du centenaire du Canada, un ordinateur occupait une pièce entière, et on passait habituellement ses coups de fil sur le téléphone à cadran, qui se trouvait en général dans la cuisine.
- De nos jours, la plupart d’entre nous transportent dans nos poches ou nos sacs des appareils ayant une capacité de traitement qui auraient été qualifiés de superordinateurs dix ans plus tôt. Inviter les membres de notre famille et nos amis à une fête se résume maintenant à l’envoi de quelques messages textes ou courriels, et cela peut expliquer pourquoi les dépenses des ménages pour la papeterie et autres fournitures de papier sont en déclin.
- L’omniprésence des téléphones intelligents a entraîné le phénomène de la soi-disant « économie de partage ». Les services qui remplacent ou qui améliorent les secteurs actuels du taxi et de l’hôtellerie ont attiré l’attention des médias, mais ils demeurent relativement rares au Canada. Statistique Canada a établi que seulement 7 % des Canadiens âgés de 18 ans et plus ont utilisé des services de covoiturage dans les 12 mois précédant octobre 2016, tandis que seulement 4,2 % ont eu recours à des services d’hébergement privé (comme AirBNB). Ainsi, une course en taxi pour se rendre à la fête et en revenir continue d’être le premier choix pour ceux qui ne souhaitent pas marcher, conduire ou prendre l’autobus ou le train.
- Si l’on se fie aux tendances relatives au transport en commun, la voiture demeure de loin le moyen de transport le plus populaire, avec seulement 12 % des Canadiens qui ont utilisé les transports en commun pour se rendre au travail en 2011, bien que ce pourcentage ait augmenté quelque peu par rapport aux données antérieures.
Les fêtes coûtent cher, mais le revenu des Canadiens s’est plus que maintenu
- Combien coûte une célébration pour la fête du Canada? Chaque fête est forcément unique, mais, selon les prix affichés dans la région du Grand Toronto à la mi-juin, cela coûtera probablement 130 $, y compris les taxes applicables, pour organiser une fête pour 10 personnes (6 adultes et 4 enfants).
- Cet « IPC relatif aux fêtes » comprend des hamburgers, des hamburgers végétariens, des hot-dogs, des pains, de la bière, du vin, des jus, des boissons gazeuses, de la crème glacée, et tous les accompagnements nécessaires.
- L’IPC relatif aux fêtes a augmenté d’environ 835 % au cours des 50 dernières années. C’est nettement au-dessus de l’augmentation de 709 % de l’IPC global.
- La bonne nouvelle, cependant, est que lorsqu’on le compare aux salaires, le coût d’une fête a diminué. En 1967, le coût des mêmes provisions pour organiser une fête se serait élevé autour de 15,50 $, ou environ 15 % des revenus hebdomadaires. Pour le Canadien moyen d’aujourd’hui, le coût représente environ 14 % de son salaire hebdomadaire (graphique 3).
- Cela témoigne d’une autre tendance générale de l’économie canadienne : des revenus qui ont, de façon générale et malgré les revers en période de récession, profité de gains ayant dépassé l’inflation. Le revenu représente bien sûr seulement une mesure de la prospérité. Peut-être la qualité de vie au Canada est-elle un motif de célébration encore plus important, laquelle continue de se classer en tête de liste au monde, au premier rang selon un récent sondage; un sujet de réflexion positif, peu importe la manière dont vous célébrerez le 150e anniversaire du Canada.
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