Faits saillants
- Les dépenses liées au tourisme au Canada devraient augmenter dans une modeste fourchette de 2 % à 4 % en 2025.
- Le montant total pour cette année sera toutefois tiré vers le bas par les dépenses américaines. Le nombre de visites en provenance des États-Unis se réduit dans un contexte de tensions commerciales et d’incertitude économique et les dépenses transfrontalières devraient fléchir de 5 % à 10 % cette année.
- Toutefois, la baisse des dépenses des ménages américains devrait être compensée par une hausse de celles liées au tourisme national au Canada, de nombreux résidents se tournant vers le marché intérieur pour dépenser la totalité ou une partie de leur budget de voyage. De plus, les dépenses effectuées au Canada par les touristes internationaux provenant d’autres pays que les États-Unis devraient aussi augmenter, ne serait-ce que légèrement.

À l’approche de la saison touristique estivale, le rendement du secteur du tourisme au Canada sera scruté par de nombreuses personnes, car il fait face à de nombreuses difficultés. D’un côté, les visites de voyageurs américains ont affiché une tendance à la baisse en raison des tensions commerciales persistantes. De l’autre, le secteur semble vouloir profiter de la hausse continue du nombre de visiteurs internationaux provenant d’autres pays que les États-Unis et, surtout, d’une solide hausse des voyages intérieurs au Canada. Le sort global du secteur se jouera selon lequel de ces deux pôles l’emportera.
Nous estimons que les dépenses totales liées au tourisme1 au Canada (en dollars nominaux) devraient augmenter de 2 % à 4 % en 2025. Bien que cela puisse sembler modeste, surtout par rapport aux gains annuels de 15 % enregistrés au cours du rebond post-pandémie, ce résultat traduirait une certaine résilience dans le contexte d’une année où de nombreux autres secteurs canadiens peineront probablement à croître. Surtout, il s’agit d’une perspective avantageuse en comparaison avec la situation aux États-Unis, où les dépenses des visiteurs internationaux devraient de leur côté diminuer d’environ 7 % en 20252.
Aperçu du secteur du tourisme au Canada
En 2024, environ 100 milliards de dollars ont été consacrés à des activités liées au tourisme au Canada, ce qui regroupe les voyages personnels et professionnels de résidents comme de non-résidents.
Environ les trois quarts de ce montant sont attribuables aux dépenses des Canadiens qui ont voyagé au pays. Statistique Canada tire son estimation des dépenses liées au tourisme intérieur de son Enquête nationale sur les voyages, laquelle dresse un portrait exhaustif, des courts voyages de 40 km seulement jusqu’aux trajets plus longs, et inclut les dépenses personnelles et professionnelles. Il reste donc environ un quart des dépenses à être liées aux voyages internationaux. Les visiteurs américains représentent depuis longtemps la pierre angulaire du tourisme international au Canada, totalisant quatre voyages de non-résidents sur cinq et apportant au secteur un montant record de 15 milliards de dollars en 2024, un montant plus élevé que tous les autres pays réunis.
Le secteur du tourisme au Canada a subi une contraction sans précédent en 2020 avec une chute des dépenses de plus de 50 %. Depuis, le secteur s’est rapidement redressé, les dépenses américaines arrivant en tête du peloton sur le plan international (graphique 1). En revanche, la part des dépenses internationales en dehors des États-Unis demeure inférieure aux niveaux antérieurs à la pandémie. Compte tenu de leur ampleur, les dépenses intérieures ont constitué le principal facteur de la reprise globale du tourisme. Comparativement à 2019, le nombre de visites de touristes canadiens au niveau local a augmenté de 6 % l’an dernier et les dépenses totales ont bondi de 30 %.
Déclin des visites en provenance des États-Unis
Pour en revenir aux perspectives de cette année, commençons par la mauvaise nouvelle : la baisse des visites en provenance des États-Unis. Les tensions commerciales, l’incertitude entourant l’économie et la faiblesse du dollar américain cette année pèsent sur les plans de voyage des Américains. En mai, les voyages en voiture effectués par les résidents des États-Unis vers le Canada ont diminué de 8,4 %, ce qui représente le quatrième mois consécutif de baisse sur 12 mois3. Ce sont les collectivités et les entreprises frontalières qui sont les plus touchées. Les boutiques hors taxes, les restaurants et les détaillants situés à proximité des points de passage importants signalent des baisses alarmantes du trafic routier et, dans certains cas, des baisses des ventes allant jusqu’à 80 %4.
Pour l’avenir, nous ne prévoyons pas d’amélioration marquée des arrivées en provenance des États-Unis avant la fin de 2025. D’ici là, une partie des tensions commerciales et des nuages d’orage qui planaient au-dessus de l’économie américaine devraient se dissiper. En 2025, nous estimons la baisse des dépenses effectuées au Canada par des personnes provenant des États-Unis de 5 à 10 %, soit une diminution d’environ un milliard de dollars par rapport à 2024.
La tendance américaine contrecarrée par les visites internationales en provenance de pays autres que les États-Unis

De façon plus encourageante, les voyages internationaux vers le Canada en provenance de pays autres que les États-Unis repartent à la hausse. Les données de Google Trends montrent un intérêt mondial et local croissant pour le Canada en tant que destination de voyage, avec une forte hausse des recherches liées aux voyages en mars et en avril (graphique 2). Bien que cela ne remplace pas directement les chiffres relatifs aux réservations, la hausse cadre avec les chiffres réels. Sur 12 mois, les visites d’avril en provenance du Royaume-Uni ont augmenté de 14 % et celles en provenance du Mexique, de 22 %, tandis qu’en mai, celles en provenance de la Chine ont progressé de 11 %. Ces visiteurs ne représentent encore qu’une petite partie du total, mais la tendance est prometteuse, d’autant plus que les tensions aux États-Unis poussent les touristes à considérer le Canada comme une destination alternative. Nous supposons que ces tendances prévaudront au cours des prochains mois, ce qui se traduirait par une augmentation modeste des dépenses d’environ 0,3 milliard de dollars en 2025.
Une tendance amortie par les voyages des Canadiens au pays
La diminution du tourisme en provenance des États-Unis devrait être compensée en grande partie par les Canadiens eux-mêmes, malgré les inquiétudes persistantes à l’égard des perspectives économiques à court terme. L’évolution des préférences contribue à appuyer le tourisme au pays. Bien que les données objectives soient encore maigres, les premiers indicateurs sont encourageants. Airbnb a notamment indiqué que les recherches liées à des voyages à l’intérieur du Canada avaient augmenté de près de 20 %5. Selon un sondage mené par le Groupe Banque TD, 64 % des Canadiens prévoient de voyager au pays6. Ces chiffres sont étayés par les données sur le nombre de passagers sur les vols intérieurs, qui a également augmenté de 7,4 % sur 12 mois en avril, ce qui indique une augmentation continue du nombre de Canadiens voyageant par avion au sein de leur propre pays (graphique 3). Les données sur le taux d’occupation des hôtels confirment ce changement à l’égard des voyages au pays, même si elles sont contrastées à l’échelle du Canada. En avril, le taux d’occupation national du Canada s’est établi à 63 %, ce qui représente un léger recul par rapport à 2024, mais, au niveau des provinces, les performances demeurent robustes dans les destinations d’agrément clés, ce qui témoigne de la résilience du pays. Par exemple, en Colombie-Britannique, le taux d’occupation des hôtels atteint 68,7 %, soit le niveau le plus élevé de toutes les provinces7. De plus, des initiatives gouvernementales, comme le programme « Laissez-passer Un Canada fort », qui offre un accès gratuit ou à prix réduit à des parcs nationaux, des musées et à VIA Rail, en plus de la réduction de la taxe sur le carbone en date du 1er avril, font collectivement de 2025 une année plus intéressante pour les voyages locaux.
Parallèlement, les Canadiens sont également plus nombreux à délaisser les voyages aux États-Unis. Même si les voyages effectués par les Américains au Canada ont diminué, l’inverse a été largement plus prononcé. En mai, les voyages aller-retour aux États-Unis effectués par les résidents canadiens ont diminué de 38 % en voiture et de 24 % en avion (graphique 4). Selon certains rapports, les voyageurs hivernants, dont bon nombre sont des personnes à revenu élevé qui dépensent, ont annulé des voyages, certains ayant modifié leurs plans cette année afin de passer plus de temps au Canada8. Une réaffectation des dépenses visant des régions comme la Floride ou l’Arizona dans les marchés canadiens pourrait donner un coup de pouce important au secteur du tourisme canadien.
Malgré la résilience des consommateurs canadiens depuis le début de l’année, certains risques demeurent présents. La faiblesse du marché de l’emploi et l’incertitude économique de façon générale devraient peser sur les plans de dépenses relatifs au tourisme au pays cette année. Bien que la tendance à acheter canadien demeure solide, elle ne sera probablement pas suffisante pour faire de 2025 une année remarquable. Cela dit, à condition que, au cours des prochains mois, les difficultés rencontrées par l’économie du fait des tarifs douaniers commencent à s’atténuer et la confiance des consommateurs, à se renforcer, on peut encore raisonnablement s’attendre à une croissance modérée de l’ordre de 4 % (ou plus de 3 milliards de dollars) des activités liées aux voyages des Canadiens en 2025.


Bilan général
Le secteur du tourisme au Canada traverse d’importants changements et le volume des dépenses qui lui sont associées pour 2025 repose sur l’équilibre de deux forces opposées, à savoir la baisse des dépenses entrant au pays depuis les États-Unis face à la résilience des dépenses intérieures et internationales provenant de pays autres que les États-Unis. Comme notre analyse le suggère, la baisse du nombre de visiteurs américains sera probablement entièrement contrebalancée par la croissance de ces autres sources, ce qui se traduira par une augmentation nette totale des dépenses globales liées au tourisme en 2025 de 2 à 4 milliards de dollars. Propulsé par ces vents favorables, le secteur du tourisme au Canada pourrait s’en sortir bien mieux en 2025 que cela n’aurait été le cas en l’absence de ces sources.
Pour ce qui est de 2026, une année charnière s’annonce. Les dépenses au pays devraient demeurer robustes et une reprise des voyages internationaux depuis les États-Unis est fort probable. En tant que coorganisateur de la Coupe du Monde de la FIFA en 2026, le Canada bénéficie également d’une occasion historique de renforcer son profil touristique à l’échelle mondiale. Cet événement international majeur devrait accueillir un grand nombre de visiteurs partout au pays, ce qui stimulera le PIB et les revenus d’emploi. Les préparatifs ayant déjà commencé, 2025 pourrait bien offrir les prémices de ce qui sera possiblement une excellente année pour le tourisme au Canada.
Notes en fin de texte
- Les dépenses totales liées au tourisme comprennent les dépenses personnelles et professionnelles enregistrées par l’Enquête nationale sur les voyages et par l’Enquête sur les voyages des visiteurs.
- https://wttc.org/news/us-economy-set-to-lose-12-5bn-in-international-traveler-spend-this-year
- Toutes les données sur les arrivées jusqu’en avril reposent sur les chiffres complets des Voyages entre le Canada et les autres pays. Toutes les données de mai reposent sur les chiffres préliminaires de l’Indicateur avancé des arrivées internationales au Canada.
- https://www.theglobeandmail.com/business/article-duty-free-shops-see-sales-plummet-as-travellers-avoid-us/
- https://news.airbnb.com/fr/les-tendances-voyage-du-printemps-2025/
- https://www.travelpulse.ca/news/destinations/64-of-canadians-plan-to-travel-within-canada-this-summer-survey-finds
- https://str.com/press-release/canada-hotels-reported-mixed-performance-april
- https://www.ctvnews.ca/canada/article/canadas-snowbirds-reconsider-calling-the-us-their-second-home/
Avis de non-responsabilité
Le présent rapport est fourni par les Services économiques TD. Il est produit à des fins informatives et éducatives seulement à la date de rédaction, et peut ne pas convenir à d’autres fins. Les points de vue et les opinions qui y sont exprimés peuvent changer en tout temps selon les conditions du marché ou autres, et les prévisions peuvent ne pas se réaliser. Ce rapport ne doit pas servir de source de conseils ou de recommandations de placement, ne constitue pas une sollicitation d’achat ou de vente de titres, et ne doit pas être considéré comme une source de conseils juridiques, fiscaux ou de placement précis. Il ne vise pas à communiquer des renseignements importants sur les affaires du Groupe Banque TD, et les membres des Services économiques TD ne sont pas des porte-parole du Groupe Banque TD en ce qui concerne les affaires de celui-ci. L’information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables, mais son exactitude et son exhaustivité ne sont pas garanties. De plus, ce rapport contient des analyses et des opinions portant sur l’économie, notamment au sujet du rendement économique et financier à venir. Par ailleurs, ces analyses et opinions reposent sur certaines hypothèses et d’autresfacteurs, et sont sujettes à des risques et à des incertitudes intrinsèques. Les résultats réels pourraient être très différents. La Banque Toronto-Dominion ainsi que ses sociétés affiliées et entités apparentées qui constituent le Groupe Banque TD ne peuvent être tenues responsables des erreurs ou omissions que pourraient contenir l’information, les analyses ou les opinions comprises dans ce rapport, ni des pertes ou dommages subis.
télécharger
partagez ceci: