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Perspectives économiques provinciales

Les droits de douane taxent les perspectives provinciales

date publiée: 19 mars 2025

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    Prévisions de croissance du PIB réel provincial (mars 2025)
    BC: 1,7%
    AB: 1,8%
    SK: 1,4%
    MB: 1,3%
    ON: 1,0%
    QC: 0,9%
    NB: 0,5%
    NS: 1,0%
    PEI: 1,5%
    NL: 2,1%
  • Les répercussions de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis nous ont amenés à réviser à la baisse nos prévisions de croissance du PIB réel pour cette année d’un océan à l’autre. La vigueur de l’activité au premier trimestre dans toutes les régions protégera les moyennes annuelles, mais nous croyons qu’une légère récession se matérialisera au Canada en milieu d’année.
  • Nos prévisions supposent que les exportations du Canada vers les États-Unis seront visées par des droits de douane effectifs de 12,5 % pendant six mois. Ce taux devrait être abaissé à 5 % au quatrième trimestre de 2025, niveau auquel il devrait se maintenir au cours de l’horizon de projection. Selon nous, le Canada ripostera avec un ensemble de mesures tarifaires de 155 milliards de dollars au cours des deux prochains trimestres, avant d’abaisser ce montant à 30 milliards de dollars.   
  • Parmi les provinces, le Québec et l’Ontario sont particulièrement exposés aux risques posés par les droits de douane en raison de la taille démesurée de leurs secteurs manufacturiers. Toutefois, le secteur public québécois est aussi assez vaste et moins directement vulnérable. Le Nouveau-Brunswick, de son côté, dépend fortement des États-Unis pour ses exportations. À l’inverse, les expéditions vers les États-Unis ne représentent qu’une modeste part du PIB de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique, et des droits de douane plus faibles de 10 % sur les exportations d’énergie atténueront probablement les répercussions sur l’Alberta.   
  • Au chapitre des produits de base, en particulier du pétrole brut, les conditions se détériorent à la perspective d’un ralentissement de la croissance de la demande mondiale. Les prix du WTI ont été revus à la baisse, ce qui a touché la rentabilité et les placements dans les principales provinces productrices de ressources.   
  • Nos prévisions s’appuient sur l’effet positif attendu des mesures de relance gouvernementales. À ce jour, la Nouvelle-Écosse, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont présenté leur budget. Les efforts de soutien à la croissance ont essentiellement porté sur les dépenses en infrastructures et l’affectation de fonds aux impondérables liés à la guerre commerciale. L’Alberta, toutefois, accordera une baisse d’impôt notable aux ménages cette année. Les provinces adoptent également diverses mesures de rétorsion, dont le retrait des produits alcoolisés américains dans les commerces.
  • Nous avons revu à la baisse nos prévisions annuelles moyennes liées au marché de l’habitation pour presque toutes les provinces cette année (Terre-Neuve-et-Labrador bénéficie d’un sursis en raison de son dynamisme à l’aube de 2025). Les résultats du premier trimestre de 2025 ont été faibles dans la plupart des provinces. La situation est en partie attribuable aux fortes tempêtes hivernales de février, mais l’incertitude économique liée aux droits de douane a sans doute aussi pesé sur les résultats. Il faut vraisemblablement s’attendre à un rendement modeste pendant la majeure partie de 2025, avant que l’embellie du marché de l’emploi, la demande comprimée et le recul de l’incertitude stimulent les résultats en 2026.

Prévisions Économiques : Québec

[ Taux de variation moyen annuel, sauf indication contraire ]

Sources : Statistique Canada, SCHL, ACI, prévisions des Services économiques TD.
Indicateurs économiques 2024 2025F 2026F
PIB réel 1.3 0.9 0.8
PIB nominal 4.3 4.0 2.7
Emplois 0.9 1.0 0.2
Taux de chômage (%) 5.4 6.0 5.9
Mises en chantier (milliers d'unités) 48.8 50.9 47.6
Prix moyen de revente des maisons 7.4 7.4 4.9
Ventes de maisons existantes 18.9 8.6 1.3

Le vaste secteur manufacturier du Québec est à la merci de la guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada, notamment dans les segments de l’aérospatiale, des métaux et de l’aluminium. Ce dernier affiche le plus important volume d’expéditions de la province vers les États-Unis. Bien qu’il s’agisse d’un métal essentiel aux États-Unis (où des droits de douane moins élevés, soit de 10 %, devraient s’appliquer aux produits non conformes à l’Accord Canada-États-Unis-Mexique), le président Trump a frappé les exportations d’aluminium d’un taux de 25 %. S’il est maintenu, ce taux entraînera probablement une contraction massive des exportations d’aluminium vers les États-Unis, compte tenu du fait qu’elles ont plongé de 15 % en 2018 lorsque des droits de douane de 10 % ont été imposés. Par chance, l’aluminium ne représente qu’une petite part du PIB global (graphique 1). 

Les achats effectués d’avance aux États-Unis pourraient en outre retarder quelque peu les répercussions potentielles sur le secteur manufacturier. Cela dit, nous pensons que l’activité manufacturière dans son ensemble s’essoufflera au fil de l’année, minée par la détérioration des conditions intérieures et les perspectives de croissance moins reluisantes aux États-Unis. D’autres secteurs tributaires du commerce, comme le transport et le commerce de gros, subiront probablement aussi des conséquences découlant de ce contexte cette année. 

En réaction aux droits de douane, le gouvernement du Québec a indiqué que le budget du 25 mars mettrait l’accent sur les investissements en infrastructures et offrirait des programmes de prêts aux secteurs affectés par les tarifs douaniers. La première mesure servirait de complément à la construction résidentielle, qui affiche une croissance vigoureuse et devrait soutenir l’économie cette année. La province interdira également l’achat d’alcool américain et pénalisera les sociétés américaines qui soumissionneront à des contrats publics, tout en réfléchissant à d’autres mesures. 

Les dépenses des ménages ont été robustes en 2024, grâce à la baisse des taux d’intérêt et aux mesures de soutien du gouvernement fédéral. Toutefois, le ralentissement de la croissance économique cette année devrait peser sur l’embauche (freinant le bel élan observé jusqu’ici), ce qui pourrait refroidir l’humeur des consommateurs. Heureusement, les ménages du Québec comptent parmi les moins endettés du pays et leur taux d’épargne est très élevé, ce qui offre une certaine protection contre une économie léthargique (graphique 2). 

Sur le marché de l’habitation de la province, la demande a fait preuve d’une certaine résilience, les ventes par habitant dépassant de 17 % la moyenne à long terme en janvier. Même si l’incertitude économique devrait freiner la croissance des ventes cette année, nous pensons que les ventes de logements et la croissance du prix moyen des logements seront positives en 2025, le prix moyen étant soutenu par des conditions d’offre et de demande raisonnablement serrées

Le graphique 1 présente la part moyenne du PIB réel du Québec, du premier trimestre de 2024 au troisième trimestre de 2024, qu’occupent le secteur public (23 %), le secteur manufacturier (12,5 %) et la fabrication de produits métalliques (1,1 %). Le graphique 2 illustre le taux d’épargne des ménages au Canada et au Québec du premier trimestre de 2023 au troisième trimestre de 2024. Au troisième trimestre de 2024, le taux d’épargne des ménages du Québec s’établissait à 9,9 %, contre 9,5 % au deuxième trimestre de 2024. Du premier trimestre de 2023 au premier trimestre de 2024, le taux d’épargne des ménages du Québec s’est établi en moyenne à 8,2 %. Au troisième trimestre de 2024, le taux d’épargne des ménages canadiens s’établissait à 7,3 %, contre 6,3 % au deuxième trimestre de 2024. Du premier trimestre de 2023 au premier trimestre de 2024, le taux d’épargne des ménages canadiens s’est établi en moyenne à 3,9 %.

     

Tableau

Prévisions Économiques Provinciales

Sources : Association canadienne de l'immeuble, SCHL, Statistique Canada, Services économiques TD. Prévisions des Services économiques TD, mars 2025.
Les Provinces PIB réel
(variation, %)
PIB nominal
(variation, %)
Emplois
(variation, %)
Taux de chômage
 (moyenne, %)
Mises en chantier
(milliers d'unités)
Prix de revente des maisons (variation, %)
2024 2025F 2026F 2024 2025F 2026F 2024 2025F 2026F 2024 2025F 2026F 2024 2025F 2026F 2024 2025F 2026F
National 1.5 1.3 1.1 4.6 4.2 2.9 1.9 1.2 0.3 6.4 6.8 6.6 245.1 226.9 214.3 1.9 -3.2 4.8
Terre-Neuve-et-Labrador 3.8 2.1 1.2 6.8 4.9 3.0 2.7 -1.0 -0.1 10.1 11.0 11.5 1.7 1.5 1.4 8.7 4.4 3.4
Île-du-Prince-Édouard 2.6 1.5 1.3 5.3 4.7 3.2 3.6 1.2 0.4 7.9 8.2 8.3 1.2 1.4 1.2 2.4 -1.0 4.5
Nouvelle-Écosse 2.3 1.0 1.0 4.9 4.1 2.8 3.1 0.5 -0.1 6.5 6.7 6.9 7.4 6.3 6.0 6.6 4.3 4.3
Nouveau-Brunswick 1.5 0.5 0.6 3.7 3.3 2.2 2.8 0.7 0.0 7.1 7.2 7.6 6.2 4.5 3.6 10.5 10.7 4.9
Québec 1.3 0.9 0.8 4.3 4.0 2.7 0.9 1.0 0.2 5.4 6.0 5.9 48.8 50.9 47.6 7.4 7.4 4.9
Ontario 1.3 1.0 0.9 4.2 3.8 2.6 1.7 1.4 0.3 7.0 7.5 7.2 74.6 65.9 64.4 0.3 -6.4 2.2
Manitoba 1.3 1.3 1.2 4.0 3.8 2.9 2.6 1.5 0.6 5.5 5.7 5.5 7.2 6.3 6.1 6.2 4.8 5.4
Saskatchewan 2.0 1.4 1.1 4.9 4.4 2.8 2.6 0.7 0.4 5.5 5.7 5.7 4.3 4.1 4.7 6.4 9.8 5.9
Alberta 2.4 1.8 1.4 5.7 4.8 3.2 2.9 2.0 0.6 7.1 6.9 6.6 47.8 43.9 36.8 10.0 4.4 5.3
Colombie-Britannique 1.4 1.7 1.5 4.6 5.2 3.5 2.4 0.8 0.4 5.6 6.2 6.0 45.8 42.1 42.5 1.7 -4.1 2.7
 
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